[RP] Chimère : créature chaotique ou simple rêve ?

Valkor prend la parole à son tour, et commence à la cantonnade :
"Je sais bien que je ne suis qu'un étranger parmi vous, mais vous commencez à me connaître, et j'espère que vous me faites confiance autant que je vous fais confiance..."
Puis se tourne vers Linskir le marchand :
"Mais toi, Linskir, tu es un marchand, comme moi. Tu es un voyageur, comme moi. Et, comme moi, tu sais que le danger est notre lot quotidien lorsque nous nous déplaçons. Mais ce que tu sais aussi, c'est que les Dragonewts, tout inhumains qu'ils soient, ont souvent un motif pour attaquer, qu'ils se fichent de nos richesses humaines. Et comme il est évident qu'un marchand avisé comme tu sembles l'être n'irait jamais provoquer ces créatures gratuitement, il est tout aussi évident qu'il y a quelque chose derrière tout cela, quelque chose de beaucoup plus inquiétant qu'une attaque de caravane, fût-elle la cause de nombreuses pertes, humaines et commerciales. Tant que nous ne saurons pas ce qui se passe, toute attaque improvisée ne fera que dégarnir les défenses du tula, comme le disait Jarinalda à l'instant, et n'aidera en rien à sécuriser les routes commerciales."

Se retournant vers l'assemblée : "Je suis volontaire pour faire partie de l'ambassade vers la colonie Dragonewt."

Sorana s'avance tranquillement jusqu'au centre de la maison longue. Arrivée au centre des regards, elle prend une inspiration et déclare d'un voix claire et tranchante :

"Humakt, Seigneur de Vérité et d'Honneur, soutiens les paroles de ta fidèle servante ! Permets..."

Elle est brusquement interrompue par l'Humakt du Clan qui déclare d'un ton sec :

"Humakt n'est le jouet de personne, ne l'oublie pas jeune adepte ! Il est seul juge de la Vérité de tes paroles. Si tu es sincère, alors elles atteindront le coeur de cette assemblée sans nulle aide magique. Sinon, n'insulte pas notre dieu en l'invoquant la boue de tes mensonges !"

La jeune femme paraît un instant désarçonnée par cette diatribe. Mais elle se reprend aussitôt :

"Je suis Sorana Kirnandottir Bransson Fangelisère Sangdelarmes. Ceux qui me connaissent, mes fères et soeurs de clan (elle en profite pour jeter un oeil à Linskir, l'étranger comme pour le disqualifier), savent quel prix j'ai payé pour racheter l'honneur de ma famille."

Sorana laisse le silence envahir l'auditoire et le souvenir de sa tragédie envahir les coeurs.

"Malgré ce prix amer, je sais qu'il est aisé de sacrifier sa famille et son clan, sa vie passée, ses espoirs, son frère même pour laver un affront ou rétablir la justice. Oui, d'une certaine manière, c'est aisé... Comme il est aisé de partir l'épée à la main sans réfléchir à rien qu'à l'affront reçu. Comme c'est glorieux et plaisant aussi..."

Sorana prend le temps de balayer l'auditoire du regard.

"Et pourtant, comme c'est irresponsable. Quelle gloire y a-t-il à courir laver son honneur en laissant le tula de son clan sans défense ? Quelle gloire y a-t-il à passer les êtres dragons par l'épée si rien ne nous assure que cela dissipera le maléfice qui pèse sur notre clan ?"

"Depuis plusieurs jours nous subissons les affronts des créatures draconiques, aujourd'hui un groupe de voyageur vient chercher asile dans notre village après avoir été attaqué par les dragonewt de Grizval. Ces affronts doivent être balayés. Il est temps de prendre les armes ! Comme tout cela paraît simple et évident."

"Mais c'est là le discours de l'homme sans clan, sans famille. Pour lequel seul compte son honneur et qui se moque des conséquences de ses actions. Le discours de l'humakti dégainé, sans clan."

Sorana savoure l'ironie de l'argument.

"Mais nous, nous ne sommes pas des exclus auxquels il ne reste que l'honneur. Nous sommes les enfants d'Orlanth et d'Ernalda, nous vivons pour le clan avant notre gloire personnelle. Nous savons que la guerre n'est un but par elle-même.
Seul le fou se bat pour la guerre. Le pieux héortien se bat pour la paix."

"Qu'on me prouve que la guerre mettra fin aux maléfices qui frappent notre tula et je partirais la première. Car ma vie n'est rien face au bien-être de mes frères et soeurs Fangelisière. Pour eux, je donnerais la dernière goutte de mon sang."

"Mais qui me le prouve ? La colère légitime de Wilms devant les affronts faits à notre clan et à nos dieux ? La peine de Linskir, assoiffé de vengeance devant le meurtre des siens ? La justesse de ces sentiments n'est malheureusement pas suffisante, car la survie des Fangelisière est en jeu."

"Oui, notre survie même."

"Pourrons-nous continuer à vivre sur le tula de nos pères si cette magie pernicieuse continue à troubler nos prières et nos cérémonies rituelles ? Quelle sera la réaction des dragons de la Passe si nous passons sous nos lames leurs enfants à Grizval ? Souvenons-nous des Guerres Drachomachiques..."

"Non, il n'est pas ici d'abord question d'honneur, mais de survie. Pas pour moi, ni pour toi Wilms ou pour toi Linskir. Mais pour notre clan, les Fangelisière. Nous devons trouver le moyen de briser la magie qui nous frappe."

"Après seulement, viendras le temps de la justice. Car wergild ou prix du sang, nous ne laisserons pas ces affronts impunis... lorsque le clan sera de nouveau en sécurité."

La prêtresse de Chanala Arroy s'avance à son tour.

"Nous savons que la vie est dure aux abords du marais. Nos ennemis de toujours ne sont pas les dragonewts mais plutôt ce qui peuple le marais. Au lieu de nous emporter de la sorte, essayons de comprendre ce qui a bien pu se passer. Linskir Danirson n'a pas été très dissert sur ce qu'il c'est réellement passé. Et nous ne pouvons mettre le caln en danger ni entrer à nouveau dans une ère de souffrance sur un coup de tête."

Langar parle à son tour :

"Lorsque Thergandir Voix-de-Fer m'a sauvé, il n'a pas tiré l'épée. Il savait qu'il ne servait de rien de frapper dans le noir, car les Ténèbres sont promptes à nous tromper. A la place, il a convaincu le chaman que son intérêt était de me libérer. De même ici nous avançons à l'aveuglette et nous pourrions nous faire un ennemi de plus. D'ailleurs qui nous dit que les Dragons n'ont pas peur, eux aussi ? Plutôt que de les attaquer, cherchons d'abord ce qu'ils veulent au moyen de patrouilles."

Kavnart s'avance et déclare d'une voix claire:

"Comme viennent de le dire si justement les gens qui sont passés avant moi, notre survie dépendra de la décision qui sera prise ici ce soir. Bien que je pleure la perte qu'ont subi Linskir et ses compagnons, il ne faut pas agir hativement et nous en prendre aux dragonewts sans preuves. Certes, le sang appelle le sang mais affaiblir le clan, dans une période comme celle que nous vivons, pourrait causer bien pire que la destruction d'une caravane. La guerre n'est pas une chose que l'on peut arrêter a sa guise et doit être murement réfléchie."

Kavnart se tourne alors vers son oncle:

"mon oncle, si ambassade il y a, je me porte volontaire pour assurer leur protection."

Tant se témoignages en faveur de négociations semble perturber l'assistance.

Sorana s'avance une nouvelle fois et fixe Linskir, le "marchand".

"Ainsi donc vous avez été attaqués, toi et tes hommes, par les hommes-dragons alors que vous cheminiez désarmés au nord du Marais. C'est bien cela ?"

Pause afin de laisser à Linskir juste le temps d'acquiescer.

"Tu vas donc pouvoir nous expliquer, marchand, quelle folie t'a prise pour emprunter la route des marécages plutôt que de venir par la route de Pont-Runique... Es-tu le seul Héortien de la Passe des Dragons à ignorer que le Marais est dangereux ? Nous, Lismelder, luttons depuis deux siècles contre les créatures du Marais jour-après-jour et tout juste parvenons-nous à contenir la folie destructrice des non-morts et de leur maître, Délecti le Nécromant. Et toi, tu décides d'emmener tes hommes, désarmés, à la lisière du marais ?"

Elle se tourne vers ses frères et soeurs de clan, levant les mains en signe d'interrogation.

"Mais qui es-tu Linskir Darnison ? Quel est l'inconscient qui a fait de toi un marchand ? Toi qui envoie tes hommes désarmés à proximité d'un des lieux les plus dangereux de la Passe ! N'as-tu donc aucune considération pour la vie des tiens ?"

La mâchoire de Sorana se serre de colère, et sa bouche se tord de mépris.

"Et comme si cela ne suffisait pas, tu décides de voyager sur les terres des Dragonewts ? N'as-tu que mépris pour nos traditions ancestrales ? N'as-tu jamais écouté les paroles des anciens ? Garde-toi des hommes-dragons car seule la folie les gouverne ! Personne n'a-t-il jamais répété ce vieil adage devant toi ou es-tu trop orgueilleux pour prendre conseil auprès de ceux qui savent ?"

Elle le dévisage un instant du regard.

"Puis tu viens ici, sur notre tula, réclamer vengeance pour les morts que tu as toi-même causés par ta folie et ton mépris des adages anciens ? Non Linskir Darnison, tu ne mérites pas notre aide, et surtout pas que l'on meurt pour toi... Tu n'es rien à nos yeux qu'un incapable et un fou ! Même Eurmal ne voudrait pas de toi !"

Linskir fait grise mine à ces mots, Alfgar semble contrarié lui aussi.
Alfgar prend la parole :

"Mes amis, ainsi nous allons temporiser. Une ambassade va aller négocier avec ces dragonewt de Grizval, cependant je ne leur fait pas confiance. Aussi pendant ce temps, je vais préparer et envoyer un groupe de guerriers qui contourneront le marais. S'il doit y avoir la guerre, nous nous devons d'être prêt. J'ai vu que quelques volontaires semblaient s'être désignés pour faire partie de l'ambassade. Qu'un groupe se forme, et qu'il m'avertisse de son départ. Cependant ne tardez pas trop, mes guerriers s'activent aussi. Le conseil est levé."

Juste avant que le conseil ne soit terminé, Jarinalda s'avance pour parler :

"Et de combien de temps disposera l'ambassade pour mener sa mission ? Il nous faudra voyager vers la communauté Dragonewt et d'un peu de temps pour prendre contact avec eux, si cela est possible, puis il nous faudra revenir..."

"De combien de jours disposons nous avant que la guerre ne soit déclarée ?"

Sorana vient épauler la servante d'Enferalda :

"Oui, avons-nous seulement l'assurance que nous pourrons tenter de mener cette ambassade à bien avant l'attaque du fyrd ? Sinon à quoi bon ? Serons-nous surpris par l'attaque des guerriers de notre clan au beau milieu de nos négociations? Finalement, nous envoie-t-on à la mort ? Soit par ce les hommes-dragons nous attaquerons à vue, soit qu'ils se vengeront sur nous de l'attaque de nos propres hommes..."

"Moi, Sorana Kirnandottir, je participerai à cette ambassade."

"Je suis volontaire pour escorter la guérisseuse."

"De même, si le clan le permet."

"La Déesse est notre Mère à tous, Elle est notre Reine qui guide la Tribu des Tempêtes. Elle est aussi la Grande guérisseuse qui soigne tous les maux : les blessures de nos corps et de nos êtres. Elle est l'autre choix, celui de la paix comme alternative à la violence. C'est pour cela que j'ai choisi la voie du compromis ; pour le bien de mon clan Il est de mon devoir d'aller en ambassade. Tout est dit !"

Ainsi Jarinalda quitte le Hall du Chef, donne rendez-vous à ses compagnons et s'en retourne à la longère familiale y préparer ses affaires pour ce périple.

Tandis qu'Haloric fait les paquetages, Jarinalda s'affaire à cuisiner un potage, auquel elle rajoute quelques herbes (connus seulement de quelques initiés ) tout en priant la Déesse afin que la soupe ait et garde les vertus curatives qui font sa réputation. Une fois la préparation faite, elle la verse dans une grande gourde.

Jarinalda et Haloric ne manquent pas d'expliquer les derniers évènements aux membres de leur famille. Bien qu'emplit par la crainte de ne plus les revoir, la maisonnée les encourage et ne peut retenir sa joie et son orgueil d'être capable de fournir des héros au clan. Ils se serrent sur leurs coeurs comme si c'était la dernière fois.

Jarinalda et Haloric partent, heureux de se retrouver encore sur les chemins de l'aventure, tout en sachant que les leurs prieront le Dieu et la Déesse afin de leur apporter courage et protection.

Les affaires de Valkor sont vite prêtes, c'est un voyageur né... qui de toutes façons ne possèdent pas grand chose.
Si le groupe passe par le marais, il part à pieds, sinon il prend son cheval.
Avant le départ, il passe par le temple d'Issaries, demander la bénédiction du dieu pour ce Voyage (17).

"mon oncle, comme je l'ai déja dit, je me porte donc volontaire pour assurer leur protection."

A la fin de la réunion, Sorana s'en va rejoindre le cercle des guerriers du clan :

"Frères, j'aurais besoin de vos sages conseils pour établir quelle route nous suivrons jusqu'à Grisval. La mort du neveu d'Alfgar ou de la servante d'Enferalda serait une terrible perte pour le clan. J'ai besoin de vous pour les mener par le chemin le plus sûr. Cette ambassade est déjà une aventure suffisamment dangereuse comme cela."

Puis elle passe la fin de l'après-midi avec eux : à établir l'itinéraire, graisser et affuter les armes, préparer les chevaux et les vivres... à faire de son mieux pour que tout soit prêt pour le lendemain.

Zargosos fait sort de la foule et s'exclame :

"Chers Sages, vous m'avez recueilli et soigné, ce pourquoi je vous suis redevable en me proposant de me joindre au groupe de négociateurs; chez moi je suis un bon éclaireur ce qui peut être utile à la faction qui se met en place"

Alfgar sourit :

"Je n'en attendais pas moins. Que les défenseurs de la paix fassent leur possible pour la préserver !
Qu'Orlanth vous garde ! "

Alfgar confie ensuite un ramier à son neveu et quitte la salle du conseil.

Au matin, Sorana attend les derniers retardataires sur son étrange cheval bai, vif et blagueur, l'antithèse de tout cheval humakti : Requiem, le mal nommé.

Vivres, eau, armes, matériel de campement : tout est solidement harnaché sur sa monture, elle-même prête au départ.

"Nous longerons les limites du Marais, en essayant d'éviter d'une part les créatures de Délecti et d'autre part les patrouilles de nos antiques ennemis : les Malanni. Inutile de presser nos montures, nous irons par des chemins traîtres où un cheval a tôt fait de se briser une patte. Nous avancerons prudemment, en surveillant tant nos montures que les alentours. Et si Humakt le souhaite nous arriverons sains et saufs à proximité de Grizval."

"Pas mieux !" répond doctement, quoique sommairement, Valkor.